Thaïlande-Cambodge : L’inquiétante escalade

Des soldats thaïlandais inspectent une zone frontalière le dimanche 20 juillet 2025, dans la province d'Ubon Ratchathani, où l'armée royale thaïlandaise a déclaré avoir découvert deux mines antipersonnel. / RTA

Les relations entre la Thaïlande et le Cambodge se sont gravement détériorées après une série d’incidents frontaliers mortels, ravivant un différend territorial historique autour du temple de Preah Vihear et d’autres zones contestées. Les affrontements armés, les explosions de mines et les accusations mutuelles ont conduit à une escalade militaire, suscitant l’inquiétude de la communauté internationale et les expatriés présents sur place.

Le différend frontalier entre la Thaïlande et le Cambodge remonte à la délimitation coloniale française du début du XXe siècle. Une carte de 1907, utilisée pour tracer la frontière, a laissé des zones ambiguës, notamment autour du temple de Preah Vihear, un site khmer du XIe siècle. En 1962, la Cour internationale de justice (CIJ) a attribué le temple au Cambodge, une décision que la Thaïlande conteste encore, alimentant des tensions périodiques.

Des affrontements similaires en 2008 et 2011 avaient fait une vingtaine de morts et marqué les esprits et la situation actuelle semble suivre une trajectoire similaire.

Le conflit actuel a pris un tournant dramatique en mai 2025, lorsqu’un soldat cambodgien a été tué lors d’une escarmouche dans le Triangle d’Émeraude, une zone frontalière disputée. Selon le Bangkok Post, cet incident a ravivé les hostilités. La situation s’est aggravée le 16 juillet, lorsqu’une explosion de mine antipersonnel a blessé trois soldats thaïlandais près d’Ubon Ratchathani. La Thaïlande a accusé le Cambodge de poser de nouvelles mines, une allégation démentie par Phnom Penh.

Le 23 juillet, une nouvelle explosion de mine près du poste frontière de Chong An Ma a blessé cinq soldats thaïlandais, dont un grièvement. En réponse, la Thaïlande a rappelé son ambassadeur et expulsé celui du Cambodge, marquant une rupture diplomatique. Le lendemain, des affrontements armés ont éclaté près du temple de Ta Muen Thom, dans les provinces de Surin (Thaïlande) et Oddar Meanchey (Cambodge). Selon le Bangkok Post, un drone cambodgien aurait dans la matinée survolé la zone, suivi de soldats armés, déclenchant des tirs. La Thaïlande a riposté par des frappes aériennes, détruisant deux cibles militaires cambodgiennes. Ces frappes ont causé des dommages collatéraux, tuant au moins 12 civils thaïlandais et blessant plusieurs personnes des deux côtés.


L’armée cambodgienne tire des roquettes sol-sol en direction des positions thaïlandaises. / Video: Twitter


L’armée thaïlandaise subit les tirs d’obus cambodgiens. / Video: Twitter

Les deux pays se rejettent la responsabilité, le Premier ministre cambodgien, Hun Manet, a appelé à une réunion urgente du Conseil de sécurité des Nations Unies, dénonçant les frappes thaïlandaises comme une violation du droit international. L’ASEAN a exhorté les deux parties à la retenue, mais les positions nationalistes des deux gouvernements compliquent les efforts de médiation. Le Cambodge insiste sur un retour à la CIJ, tandis que la Thaïlande privilégie des discussions bilatérales.

Des populations civiles se réfugient sous un pont suite aux échanges de tirs.

Ce regain de tensions menace la stabilité régionale, avec des conséquences humanitaires déjà visibles, notamment des déplacements de populations près de la frontière. Alors que l’ASEAN et les Nations Unies tentent de faciliter le dialogue, la communauté internationale observe avec inquiétude, craignant une escalade militaire plus large.

Sources : Bangkok Post, Phnom Penh Post

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