Le journaliste thaïlandais Nattawut Ponglangka de « Channel 8 » à t-il été assassiné ?

Photo: Dailynews

La découverte de traces de cyanure dans le corps du reporter vedette de Channel 8 soulève des soupçons de meurtre. Des experts en criminologie et toxicologie analysent les preuves afin d’éclaircir cette affaire tragique.

Le 30 novembre 2025, Nattawut Ponglangka, connu sous le nom de Nat Pong, un journaliste de terrain charismatique de 35 ans originaire de Chiang Rai, est décédé subitement en Thaïlande.

Né le 14 septembre 1990, il s’était imposé comme une figure respectée du journalisme d’investigation, passant par INN News, Channel 3 et Amarin TV avant de briller à Channel 8 dans l’émission Thub Took Khao. Récompensé par le prix Thep Narai Nakarat 2025 du meilleur reporter de terrain et le Press Awards 2022 « Thananthorn 4 », il était décrit par ses collègues comme un travailleur acharné et talentueux.

Photo : Channel 8

L’annonce de sa mort, partagée par son confrère Ice Sarawat Kijpanit, a choqué la profession : Nattawut se serait simplement « endormi sans se réveiller ». Mais les doutes ont vite émergé, amplifiés le 5 décembre par Thanakrit Chitareerat, assistant du ministre de la Santé publique, qui a publié sur les réseaux sociaux une photo d’un sachet de poudre blanche non examinée et posé trois questions cruciales : s’agit-il d’une arythmie cardiaque, d’un suicide ou d’un empoisonnement ? Il a exhorté les autorités à suspendre la crémation du corps pour une enquête approfondie.

Le 5 décembre, l’Institut de médecine légale a confirmé la présence de cyanure dans le sang et l’estomac de la victime, ravivant les suspicions. La famille, soutenue par le journaliste vétéran Phut Apiwan, a ordonné la saisie immédiate du corps pour des analyses supplémentaires, refusant de clore l’affaire tant que les doutes persistent. Aucune cause officielle n’a été établie, mais les experts penchent massivement pour un homicide.

Rapi Chamnan Ruea, figure emblématique des enquêtes sur les empoisonnements au cyanure a partagé son expertise. Cet ancien enquêteur sur des cas célèbres comme celui d’un étranger empoisonné dans un hôtel de luxe, exprime ses condoléances à la famille et aux médias :

« Nat était brillant, avec des questions percutantes qui rendaient les infos accessibles. Chercher la vérité ici n’est pas impossible, mais loin d’être facile. »

Il rejette catégoriquement le suicide : à 35 ans, avec une carrière ascendante et une vie prometteuse, Nattawut n’aurait pas choisi une telle fin. Il cible plutôt des mobiles classiques : jalousie due à son charisme et son apparence, rancunes personnelles, querelles financières, ou même des secrets découverts en tant que journaliste.

Rapi critique vertement l’État thaïlandais pour son laxisme dans la régulation du cyanure, facilement accessible en ligne malgré son prix élevé :

« C’est un échec total du contrôle des substances toxiques. On voit les mêmes méthodes se répéter. »

Pour l’enquête, il insiste sur les preuves médico-légales : dosage précis du poison, timeline d’ingestion (comparable au cas de « Koi » – Une thaie de 32 ans empoisonnée au cyanure lors d’un voyage avec son amie une tueuse en série notoire -, où le cyanure ingéré avant un repas passe rapidement dans le sang via l’acidité gastrique), et reconstitution des 48 heures précédant la mort. Il recommande de scruter les caméras de surveillance, les relevés téléphoniques (appels, Line, chats), les finances de l’entourage et les comportements suspects des prochesles plus dangereux en cas d’empoisonnement.

De son côté, le Dr Trin Phoraksa, expert en criminologie psychologique et comportementale, analyse les résultats de l’autopsie sur sa page Facebook :

« Cyanure dans le sang et l’estomac = ingestion orale aiguë récente. C’est un empoisonnement subit via le tube digestif, pas par inhalation. »

Il écarte toute contamination post-mortem, car le poison s’est diffusé dans plusieurs organes (foie, cerveau, tissus), ce qui n’arrive pas après la mort. Les probabilités penchent pour un meurtre ou un suicide, mais ce dernier semble improbable vu le profil de la victime.

« Ce schéma matche les cas d’homicide par poison les plus courants », ajoute-t-il.

Cette affaire expose les vulnérabilités des journalistes thaïlandais, souvent exposés à des risques pour leurs enquêtes. Rapi appelle à une régulation stricte du cyanure et prédit une résolution rapide grâce à la mobilisation policière et d’experts :

« Si c’est un meurtre, le coupable ne s’en tirera pas. »

La communauté médiatique rend hommage à Nattawut, espérant que la vérité rende justice à ce pilier du journalisme.

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